Lutte contre le Covid-19 : combiner une stratégie de vaccination réfléchie et des interventions ciblées
BRUXELLES 08/01 - La campagne de vaccination se met en place aux quatre coins du monde, y compris en Belgique. L'Europe a opté pour une stratégie communautaire d’achat des vaccins. D'autres pays, comme les États-Unis, Israël et le Royaume-Uni, ont passé des commandes individuelles. Si ces trois pays ont été les plus rapides à se lancer, ce n’est pas une coïncidence. Leur raisonnement est le suivant : plus vite chaque individu aura sa première dose, plus vite le virus sera vaincu. D'autres pays, comme la plupart des pays européens, accusent un sérieux retard en termes de calendrier.
Première observation : si chaque pays européen achetait des vaccins individuellement, la Belgique paierait beaucoup plus que le budget qu'elle doit actuellement mettre à disposition. Deuxièmement, il n'est peut-être pas si malavisé de procéder un peu plus lentement. Cela permet de tirer des leçons des pays qui optent pour une stratégie rapide.
Les vaccins ont été développés à une vitesse record, en moins d'un an. Cela soulève sans aucun doute des questions pour beaucoup de citoyens. Les études des différentes entreprises sont publiées avec parcimonie. À première vue, les effets secondaires semblent minimes. Mais ce sur quoi nous n'avons encore aucune vue, ce sont les effets à long terme, et encore moins sur l'impact également possible du vaccin sur le niveau de contagiosité.
La mutation britannique du COVID-19 constitue un argument en défaveur d'une approche plus lente. Cette variante serait plus contagieuse que celle qui sème la mort et la destruction en Europe continentale. Afin d'éviter que cette nouvelle variante ne crée une situation similaire à celle que nous avons connue en mars dernier, il ne serait peut-être pas déraisonnable d'encourager les fournisseurs à procurer des vaccins plus rapidement, ou d'exhorter l'Europe à passer des commandes supplémentaires, ou encore de pousser l'agence chargée de juger de la qualité et de la sécurité des vaccins à passer à la vitesse supérieure.
Deux articles récents, l'un publié dans Nature (Ranking the effectiveness of worldwide COVID19 government interventions, 16/11/2020) et l'autre dans Science (Inferring the effectiveness of government interventions against COVID19, 15/12/2020), ont étudié ce qu'on appelle les NPI (non pharmaceutical interventions) dans différents pays. L'étude de Science est arrivée à la classification suivante des NPI : les interventions à fort impact (comme la fermeture d'écoles et d'universités, ou l'interdiction de rassemblements de plus de 10 personnes), les interventions à impact intermédiaire (comme la fermeture de la plupart des secteurs non essentiels) et enfin les interventions à faible impact (comme les recommandations de ne pas quitter la maison). L'étude de Nature a abouti à des résultats plus ou moins similaires.
Bien sûr, cela reste des études, mais elles donnent cependant une idée des mesures capables de générer un impact important et des interventions qui n'ont qu'un effet minimal. Une observation intéressante des deux études est également le fait qu'un confinement est toujours la combinaison de plusieurs NPI, qui peuvent toujours être modifiées en fonction de la gravité de la situation et de la phase de la pandémie. Si l'on constate que les chiffres se dégradent, il serait possible d'anticiper avec l'introduction d'un certain nombre de NPI ciblées à fort impact, sans devoir procéder à un confinement complet. Ceci éviterait éventuellement d'affecter trop radicalement la vie quotidienne.
La combinaison d'une bonne stratégie de vaccination et de NPI ciblées me semble être le meilleur moyen de sortir de cette crise, qui dure depuis neuf mois déjà.
Actuellement, la planification idéale des vaccins pour 2021 n'est pas encore claire.
Faut-il vacciner davantage d'individus plus rapidement ? Faut-il postposer la deuxième dose du vaccin Pfizer ? Pourquoi ne pas vacciner en premier lieu les personnes professionnellement actives ? Ou en premier lieu le personnel soignant ?
Ce n'est que lorsque la tempête sera passée et que la plupart des pays auront un an de vaccination derrière eux que nous aurons une vision plus claire de la stratégie la plus appropriée.
Dr Wouter Van den Abeele
Médecin généraliste
Zelzate
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