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Stratégie de vaccination contre le Covid-19 : « Les autorités sont tenues en laisse par l'industrie pharmaceutique. »

Opinion

BRUXELLES 01/02 - Le COVID-19 est un problème mondial. Plus personne n’en doute, sous peine de faire preuve de mauvaise foi. Partout dans le monde, tout est mis en œuvre pour essayer de maintenir les conséquences du virus dans des limites acceptables. Et si, pour certains pays, le pire est passé, d'autres font actuellement face à des hôpitaux et des unités de soins intensifs surchargés.

Dans ce contexte, il me semble logique qu'en matière de vaccination, nous ne laissions personne de côté. De Bill Gates aux sans-abri, tout le monde devrait avoir le même accès au vaccin.

Cette promesse a également été largement formulée à l'automne 2020. Tout le monde était et reste convaincu que cette infection ne peut être éradiquée que si chacun peut être vacciné.

L'UE a fait une bonne tentative en lançant un système d'achats groupés, au lieu de laisser chaque pays définir sa propre stratégie.

Dans la phase initiale, cette approche a bien fonctionné, jusqu'à ce qu'apparaissent les premiers récits de vente de vaccins au Royaume-Uni dans le dos de l'UE. Ou le fait que les entreprises n'aient pas pu livrer les quantités de vaccins promises, sous prétexte que la production devait être « réorganisée » ou que des ajustements nécessaires devaient être apportés au processus, afin de fournir à chaque pays de l'UE des vaccins en quantité suffisante.

Quoi qu'il en soit, le fait est qu'à l'heure actuelle, les entreprises pharmaceutiques dont le vaccin a été approuvé détiennent le pouvoir. Elles déterminent la stratégie, fixent les délais d'action et définissent le prix auquel les vaccins peuvent être livrés.

Ce cours des événements était écrit d'avance. Les grandes entreprises pharmaceutiques ont reçu des milliards d'euros de fonds publics pour produire un vaccin, des contrats ont été signés avec l'UE, et il s'avère maintenant qu'elles ne peuvent pas tenir leurs promesses...

Comment est-il possible que l'UE se laisse intimider par l'industrie pharmaceutique ? Comment est-il possible qu'il n'y ait apparemment pas de calendrier de livraison dans les contrats qui ont été conclus ? Comment est-il possible que ces contrats ne soient pas publics, mais au contraire jalousement gardés ? Contiennent-ils des éléments que les citoyens ne devraient pas connaître ? Y a-t-il des accords qui doivent être tenus secrets ?

Caroline Ven, CEO de Pharma.be, ne cesse d'évoquer la bonne coopération entre les autorités, les universités et le secteur privé. Elle estime qu'il est nécessaire de maintenir les droits de brevet, avec pour principal argument le fait que cela stimule la recherche. Si ces droits devaient être revus ou, dans cette situation unique, déclarés nuls et non avenus, l'incitation à la recherche serait compromise, dixit Caroline Ven.

Notre collègue Merckx, de Médecine pour le Peuple, a interpellé la ministre compétente au Parlement, ce 28 janvier 2021. Son discours en dit long. Les entreprises pharmaceutiques ont actuellement davantage de pouvoir que l'ensemble du Parlement. L'accord d'Ursula Von der Leyen avec les producteurs de vaccins équivaut en partie à un chat dans un sac. La ministre compétente n'a pu que répondre que les vaccinations seraient administrées au rythme des livraisons. Alors qu'il était initialement prévu que tout le monde soit vacciné avant la fin juin 2021, cette date a déjà été repoussée à septembre.

Sans parler de la confiance des citoyens dans le vaccin. Si les chamailleries clownesques entre l'industrie pharmaceutique et l'UE perdurent, les citoyens pourraient bien décrocher et perdre confiance dans un bon vaccin.

Et Astra Zeneca, le principal fournisseur pour la Belgique, semble avoir un vaccin qui n'est pas suffisamment fiable pour les plus de 65 ans...

J'espère que notre gouvernement se rend compte qu'il y a un besoin urgent de certitudes quant à l'approvisionnement. On ne peut pas se permettre d'avoir des entreprises qui posent un lapin lors de réunions, ou qui déclarent tout simplement que cette situation est unique, qu'elles ont besoin de plus de temps, que les sites de production ne sont pas encore prêts, etc.

Si des contrats sont signés, les entreprises doivent s'y tenir. Si elles ne le font pas, l'UE doit agir avec force et, si nécessaire, retirer sa confiance.

Dr Wouter Van den Abeele

Médecin généraliste

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