COVID-19: Un médecin spécialiste en formation sur trois songe à arrêter
BRUXELLES 05/02 - Un médecin spécialiste en formation sur trois songe à arrêter la médecine, ont indiqué vendredi leurs représentants devant la commission spéciale Covid de la Chambre. Cette proportion a doublé depuis la crise du Covid-19.
La commission spéciale Covid de la Chambre recevait vendredi matin Jonas Brouwers, de la Vlaamse vereniging voor arts-specialisten in opleiding (VASO) et Jean-Michel Mot et Serima Tebbache, du Comité Interuniversitaire des Médecins Assistants Candidats Spécialistes CIMACS. Les trois intervenants ont fait part de difficultés pré-existantes, exacerbées par la pandémie.
Tant l'association francophone que la néerlandophone représentant les médecins spécialistes en formation ont procédé à un sondage interne. Ceux-ci révèlent "beaucoup de mécontentement". Un membre sur trois songe ainsi à arrêter la médecine, alors que 97% d'entre eux ont assuré des soins Covid.
"C'est désolant", a déploré Jonas Brouwers. "La directive européenne (organisant le travail des médecins spécialiste en formation) date de 2003. Elle a été transposée en droit belge en 2010. Mais on constate toujours autant d'abus sur le terrain."
Le VASO et le CIMACS ont ainsi énuméré différentes situations vécues: un travail rémunéré pour 38h par semaine alors que l'on dépasse les 60 heures avec des pics jusqu'à 120 heures, des prestations dans des hôpitaux de trois shifts de 24 heures en une seule semaine, des retraits de salaire pour cause de "maladie", des heures supplémentaires non rémunérées ou encore une absence de réelle formation avec des médecins livrés à eux-mêmes.
En outre, la moitié des médecins spécialistes en formation n'a toujours pas reçu la prime d'encouragement fédérale de 985 euros brut, ont-ils relevé. "Cette prime est ressentie comme un écran de fumée", a pointé M. Brouwers.
"Il y a un irrespect de ces travailleurs au quotidien", a exprimé Jean-Michel Mot. "C'est comme s'ils ne faisaient pas partie à part entière des soins de santé, alors que ce sont eux qui assurent les nuits dans les hôpitaux. Ce sont eux que vous croiserez si vous êtes hospitalisés."
"Il n'y a aucun contrôle. Rien n'est respecté", a renchéri Serima Tebbache. "Ce n'est ni sécuritaire pour les médecins spécialistes en formation, ni pour les patients."
Les trois intervenants ont plaidé pour l'élaboration d'un véritable statut, coulé dans une loi. Selon M. Brouwers, celle-ci devrait entrer en vigueur au plus tard le 21 août prochain, lorsque la nouvelle cohorte entrera en service. Ils ont en outre rappelé la nécessité de dissocier la formation de l'employeur. "Aux Pays-Bas, il existe une instance séparée qui représente les employeurs et une autre qui gère la formation. Il faudrait mettre ce dispositif en oeuvre en Belgique."