Actualités  >  « A tous les professionnels de la santé qui s'insurgent contre notre stratégie COVID-19 : osez vous remettre en question »

« A tous les professionnels de la santé qui s'insurgent contre notre stratégie COVID-19 : osez vous remettre en question »

Opinion

BRUXELLES 15/02 - Voici presqu’un an, la pandémie de coronavirus éclatait avec force. Qui aurait pu imaginer qu'un an plus tard, nous serions toujours aux prises avec ce virus, que des mesures de confinement seraient toujours en vigueur dans de nombreux pays, que des décès dus au COVID-19 seraient encore à déplorer, que le déploiement de la vaccination connaîtrait des débuts aussi difficiles ?

Qui aurait pu imaginer que des vaccins efficaces seraient développés en un peu moins d'un an ? Qui aurait pensé que même parmi les prestataires de soins, il y aurait des gens qui doutent ouvertement de l'utilité de cette vaccination, que même des scientifiques continueraient à affirmer qu'il faut combattre ce virus sans vaccin, simplement en le laissant circuler, que nous devrions rendre désormais leur liberté à la population active et aux jeunes tout en isolant les personnes âgées, comme si les personnes âgées n'avaient pas autant le droit de retourner à une vie plus libre que les jeunes et ceux qui travaillent ?

Au bout d'un an, une grande fatigue face au coronavirus s'installe. Cela se manifeste par des accès d'aigreur de la part de collègues soignants, qui estiment que les autorités s'embourbent, prennent les mauvaises décisions, se laissent diriger par des virologues doublés d'égoïstes.

Des collègues qui pensent que la Suède est le pays exemplaire en matière d'approche. La Suède, le pays qui a pris des mesures beaucoup moins strictes et qui a également réussi, dans un premier temps, à limiter le nombre de décès, jusqu'à ce que la courbe parte finalement dans le mauvais sens.

Des collègues qui jugent que notre campagne de vaccination est un fiasco, que tout va beaucoup trop lentement, qu'Israël parvient beaucoup mieux que nous à vacciner un grand nombre de personnes en peu de temps.

Des collègues qui prétendent que nos virologues sont trop présents dans les médias, qu'ils dirigent en quelque sorte le pays, plutôt que nos politiques. Comme si ces virologues appelaient eux-mêmes constamment les rédacteurs en chef pour participer au JT.

Des collègues qui osent même prétendre que la vaccination contre le COVID-19 pourrait provoquer la stérilité, ou qu'elle pourrait entraîner des maladies auto-immunes.

D'accord, le doute est un phénomène normal, même pour les professionnels de la santé. C'est une réaction humaine à tout ce qui est nouveau, à tout ce que l'on considérait comme impossible jusque-là. Le vaccin est arrivé sur le marché à un rythme record. C'est, en soi, déjà une raison pour certains de spéculer sur certaines étapes de son développement qui auraient été sautées.

Comme si les grandes entreprises allaient prendre le risque de mettre sur le marché des produits qui ne sont pas fiables, des produits qui laissent à désirer en termes de sécurité. Même après l'approbation de la FDA ou de l'EMA, le scepticisme continue de prévaloir, alors que c'est fondamentalement inutile. Tout médicament que l'on souhaite mettre sur le marché doit passer par un certain nombre d'étapes, la dernière étant l'approbation par les autorités compétentes. Le fait que les nouveaux vaccins n'aient reçu qu'une licence provisoire est lié à la rapidité avec laquelle il faut agir, et pas du tout à la corruption ou à la manipulation.

Je voudrais remettre ouvertement en question le fait que nos politiques font du gâchis. Cette crise touche tous les pans de notre société. Les jeunes comme les moins jeunes sont gravement touchés, bien qu'à des niveaux différents.

Les politiques sont censés prendre des décisions avec fermeté. En Belgique, mais aussi dans les pays voisins, chaque décision prise par un gouvernement est un compromis. Il faut constamment pondérer. Dans une telle situation, il est presque impossible de prendre des décisions qui soient acceptables pour tous. Il y aura toujours un groupe de pression qui estimera que son secteur est laissé pour compte, qui ne comprendra pas pourquoi il doit fermer ses portes alors que d'autres secteurs connexes ne le font pas.

Dans une telle constellation, on ne peut pas attendre des politiciens qu'ils satisfassent tout le monde. Pour certains, nos politiciens sont trop stricts mais pour d'autres, ils ne sont jamais assez. Le confinement est, aux yeux de beaucoup, une pratique illicite, tandis que d'autres estiment que, dans certaines situations exceptionnelles, la nécessité d'une telle restriction de liberté est indispensable, dans l'intérêt de la santé et de l'économie.

Avec tous ces éléments en tête, on pourrait s'attendre à ce que des personnes sensées accordent tout de même un peu de crédit à notre gouvernement. Ce n'est donc pas le cas…

Si l'on pousse plus loin les questions, les plus grands critiques ont souvent peu ou pas d'arguments contre la politique mise en place. Et lorsqu'ils avancent des critiques, il s'agit souvent d'arguments sans preuve, qui négligent complètement la complexité de cette pandémie.

On peut critiquer, on doit même le faire, mais de préférence de façon fondée, en se basant si nécessaire sur des éléments scientifiquement étayés.

Il s'agit un phénomène séculaire : dans les situations de crise ou de calamité, les gens cherchent des boucs émissaires.

Et alors, on s'en prend rapidement aux autorités. Accuser nos décideurs politiques de tous les maux, les salir, les présenter comme une bande de paresseux incompétents, ce sont des pratiques qui ont toujours existé et elles domineront toujours le discours public dans les périodes de catastrophe et d'adversité.

J'aimerais conclure avec cette citation de Maarten Boudry, philosophe des sciences : « Le problème avec les vaccino-sceptiques, est qu'ils doutent de beaucoup de choses sauf d'eux-mêmes ».

Si on applique cela à l'attitude de certains confrères médecins qui ne sont pas d'accord avec la politique en matière de COVID-19 : il est facile de chercher un bouc émissaire pour notre stratégie COVID-19 soi-disant erronée, mais oser se remettre en question, oser se demander si la critique est fondée, semble être beaucoup plus difficile.

Dr Wouter Van den Abeele

Médecin généraliste

Zelzate

 

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