Obligation vaccinale et Covid Safe Ticket : position du Conseil Supérieur de la Santé
BRUXELLES 04/02 - En cette période de débats parlementaires sur l'obligation vaccinale, le Conseil Supérieur de la Santé (CSS) publie des pistes de réflexions sur l'utilisation, la nécessité et l'efficacité du « Covid Safe Ticket » (CST) et de l'obligation vaccinale dans la lutte contre le coronavirus.
La vaccination reste le meilleur choix pour se protéger contre le coronavirus. Les vaccins actuels sont très efficaces pour prévenir l'évolution grave de la maladie vers l'hospitalisation, le séjour en soins intensifs ou le décès, également dans le cadre du variant Omicron. La principale priorité reste donc d'encourager le plus grand nombre de personnes à se faire vacciner. Une dose de rappel permet également de renforcer l'efficacité des vaccins contre Omicron.
Bien que le variant Omicron entraîne des manifestations moins graves de la maladie, il parvient, en raison de sa forte infectiosité, à mettre la pression sur les soins primaires et les systèmes hospitaliers. Le CSS estime qu'il est important d'envisager un renforcement de la capacité et de la flexibilité du système de santé pour faire face à d'éventuelles nouvelles vagues.
Le Covid Safe Ticket
Le CST – basé sur un certificat de vaccination, de test ou de rétablissement (3G) – est actuellement exigé pour entrer dans certains lieux publics.
Toutefois, certains groupes de population peuvent percevoir le CST de manière négative. Cela pourrait avoir un impact défavorable sur les autres programmes de vaccination, en particulier chez ceux qui ont déjà peu confiance dans les programmes existants et les autorités. En outre, le CST peut également donner un faux sentiment de sécurité, conduisant à l'abandon imprudent ou au relâchement d'autres règles de base, telles que la distanciation physique, l'hygiène des mains et le port de masques buccaux.
Encourager ou obliger
S'il est acceptable d'utiliser des outils (comme le CST par exemple) qui encouragent la vaccination, le CSS ne soutient pas leur utilisation lorsqu'il s'agit d'imposer une obligation vaccinale « cachée ».
En ce sens, le CSS estime que l'utilisation du CST et l'obligation de se vacciner sont des mesures sanitaires indépendantes et non opposées l'une de l'autre. Elles doivent avoir, toutes les deux, des objectifs clairs et probablement différents, mis à jour en fonction des meilleures données scientifiques disponibles. En particulier lors des pics épidémiologiques, la vaccination obligatoire n'exclut pas l'utilité d'un CST, et inversement l'utilisation du CST n'exclut pas la valeur ajoutée que pourrait apporter la vaccination obligatoire.
Garder le bon objectif et les bons indicateurs à l'esprit
Dans le cadre de la pandémie due au coronavirus, le CSS et le Comité consultatif de Bioéthique de Belgique ont déjà recommandé en novembre dernier la vaccination obligatoire du personnel de santé. Les deux institutions conviennent que, dans certaines circonstances, la vaccination obligatoire peut être une option scientifiquement et éthiquement acceptable et fondée.
Selon l'objectif que les autorités politiques souhaitent maintenant poursuivre avec l'introduction de la vaccination obligatoire, réfléchir selon certaines limites d'âge est pertinent.
A l'heure actuelle et en l'état de nos connaissances de ce virus, ses variants et les vaccins actuels, le CSS est d'avis qu'une telle obligation vaccinale d'une durée limitée est admissible. Sa pertinence doit être revue régulièrement, par exemple chaque année, en fonction de l'avancée des connaissances sur des futurs variants, des nouveaux vaccins (en cours de développement) et la situation épidémiologique du moment. En outre, un système de compensation et de prise en charge des effets secondaires rares et graves devrait être envisagé de manière approfondie.
Le CSS préconise que tous ces éléments soient politiquement débattus en profondeur. Si cette option devait être choisie, elle doit être communiquée de manière claire et transparente au public. Dans l'idéal, il y aura une vision concertée et commune au minimum en Europe et si possible dans le monde, tant pour le CST que pour l'obligation vaccinale contre le coronavirus.
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