Dossiers  >   Economie de la santé  >  Trop fragiles, trop peu de résilience : l'analyse MAHA 2020 révèle la précarité des hôpitaux

Trop fragiles, trop peu de résilience : l'analyse MAHA 2020 révèle la précarité des hôpitaux

BRUXELLES 18/11 - Un hôpital sur trois est dans le rouge, c'est ce qui ressort de l'analyse MAHA 2020 de Belfius présentée ce matin. Sur le plan financier, les hôpitaux ne sont pas armés pour faire face aux imprévus majeurs.

Résultat courant: seulement 0,48% du chiffre d'affaires
 
L'analyse approfondie des comptes annuels 2019 des hôpitaux belges le montre à nouveau: leur santé financière est précaire, en dépit d'une très légère amélioration par rapport aux années précédentes. Certes, leur solvabilité, hors subside d'investissement, est plus élevée que la valeur cible de 20 %. Mais leurs marges extrêmement faibles restent une réalité: leur résultat courant représente seulement 0,48 % de leur chiffre d'affaires. Par conséquent, ils ne peuvent absorber un revers financier, en particulier un tsunami comme celui de la crise Covid-19.
 
 
Belfius a développé un nouveau modèle pour calculer l'impact de la Covid-19 sur le secteur hospitalier. Les premières projections laissent entrevoir, avec les précautions d'usage, des turbulences d'une ampleur sans précédent pour le secteur. Avec la deuxième vague de contaminations, les hôpitaux risquent de subir une perte courante de plus de 2 milliards d'euros. Les compensations promises par les pouvoirs publics seront indispensables pour compenser ces pertes.
 
Selon l'accord du nouveau gouvernement, le financement du secteur doit devenir plus simple et plus transparent. Sa refonte sera essentielle pour obtenir un cadre budgétaire pluriannuel stable, et permettre aux hôpitaux d'investir suffisamment dans les soins de demain.
 
Résultat financier 2019 : un bénéfice très maigre
 
L'an dernier, les hôpitaux généraux ont enregistré une légère amélioration de leurs résultats financiers. Sur un chiffre d'affaires total de 16,1 milliards d'euros, ils ont réalisé un résultat courant de 76,7 millions d'euros, soit 0,48 % de leur chiffre d'affaires. En 2018, le résultat courant s'élevait à 30,4 millions. Le bénéfice de 2019 reste cependant très maigre. Les années précédentes déjà, nous avions signalé qu'une perturbation mineure pourrait avoir des conséquences catastrophiques dans le secteur. Cette situation met également la capacité d'investissement sous pression.
 
Sur les 87 hôpitaux généraux étudiés, 30 sont défictaires, soit un tiers. C'est une réalité que nous constatons depuis des années. Sur ces 87 hôpitaux, 17 seulement ont un résultat courant de plus de 2 % du chiffre d'affaires, niveau qui est considéré comme un critère de santé financière.
 
Globalement, l'endettement augmente à 7,52 milliards en 2019, une hausse de 3 % (+219 millions d'euros). Dans ce contexte, il est absolument nécessaire que les hôpitaux génèrent suffisamment de cash flow pour pouvoir rembourser ces dettes.
 
En 2019, 16 hôpitaux n'ont pas assez de cash flow pour rembourser la dette qui arrive à échéance au cours de l'exercice. L'un d'entre eux a même un cas h flow négatif. Ceci reste donc assez stable: en 2018, 18 hôpitaux avaient trop peu de cash flow, dont 2 un cash flow négatif.
 
De manière générale, les bilans financiers des hôpitaux peuvent être qualifiés de sains, avec des fonds propres, hors subsides d'investissement, de 23,6 %, ce qui est un peu mieux qu'en 2018 (23,1 %), et toujours supérieur à la valeur cible, de 20 %.
 
Sans surprise : les trois moteurs du chiffre d'affaires
 
Le chiffre d'affaires a augmenté presque autant qu'en 2018, soit 5 %, à 16,13 milliards. L'analyse des sources de ce chiffre d'affaires montre une contribution importante des produits pharmaceutiques. L'an dernier, le chiffre d'affaires pharmaceutique a augmenté de 11,4 % à 3,08 milliards. Ces revenus se sont accrus de manière significative ces dernières années: ils représentaient 15 % du chiffre d'affaires total des hôpitaux en 2015, pour passer à 19,1 % en 2019. Cela peut s'expliquer en partie par les traitements innovants dans la lutte contre le cancer.
 
La marge bénéficiaire de la pharmacie contribue également de plus en plus au résultat des hôpitaux. Il en va de même pour les services médico-techniques, comme la radiologie. Les consultations et les activités non hospitalières, en revanche, restent déficitaires.
 
Les honoraires des médecins constituent également un moteur important du chiffre d'affaires des hôpitaux. Ils s'élèvent à 6,57 milliards d'euros en2019, une augmentation de 4,4 %. Les hôpitaux en versent 4,03 milliards aux médecins.
 
Réaction de Frank Vandenbroucke: "Un momentum à saisir!"
 

"Je suis convaincu qu'il faut sortir de ce financement dual de l'hôpital pour mettre en œuvre un modèle plus stable, plus équitable et plus efficient de l'institution hospitalière et des médecins hospitaliers.  Le nouveau système de financement devra donc s'appuyer sur ces critères. Il devra être plus transparent pour l'autorité subsidiante et plus équitable pour les institutions de soins, les médecins et les patients.

Il y a aujourd'hui un momentum lié à la crise sanitaire où tant les médecins que les gestionnaires estiment qu'il faut changer les choses. Il faut le saisir pour annoncer une réforme ambitieuse mais réaliste, réalisable et que nous réaliserons."

 
Pour consulter le rapport MAHA 2020 complet, cliquez sur le lien dans la colonne de droite.
 
Dans un prochain article, nous aborderons l'impact de la crise du Covid-19 sur la situation financière des hôpitaux.

SV • Belgius, MAHA-analyse

Pour des raisons de sécurité, votre navigateur n'est pas compatible avec notre site

Nous vous conseillons l'utilisation d'un des navigateurs suivants: