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Enquête au sujet du burn-out : les conseils du Pr Godderis, spécialiste du burn-out

BRUXELLES 04/02 - « Pour près de la moitié des médecins interrogés, la crise du coronavirus a énormément augmenté la charge de travail et cela se fait sentir, » déclare le Professeur de Médecine du travail Lode Godderis, CEO d'IDEWE. Il a supervisé l'étude menée par Medscape et MediQuality et, sur la base des résultats, nous livre des conseils sur la prévention du burn-out.

Pour 47% des personnes interrogées, l'année où le coronavirus s'est emparé du monde, la vie s'est résumée à travailler davantage. « Pour un tiers des médecins, cette charge de travail accrue se traduit, en permanence ou très fréquemment, par un épuisement émotionnel, tandis qu'un quart d'entre eux se disent physiquement épuisés, » explique Lode Godderis.

« Il est frappant de constater que des facteurs non médicaux sont pointés comme les principales causes des symptômes de stress et d'épuisement. Une overdose de tâches administratives, par exemple (57%), mais aussi les réglementations gouvernementales (33%), la pression du travail (32%) et les exigences en matière informatique (29%) jouent clairement un rôle négatif majeur. Nous savons, d'après la recherche, que le manque d'autonomie et le conflit de rôles qu'il peut entraîner sont des facteurs déterminants pour les symptômes de burn-out. Par ailleurs, la charge de travail, la tension émotionnelle et le soutien social des collègues sont également des facteurs déterminants. »

Sensibiliser

« D'après des études antérieures, nous savons que les médecins eux-mêmes ne sont pas prompts à chercher de l'aide ou à se faire accompagner lorsqu'il s'agit de leur propre santé. C'est pourquoi il est essentiel, par exemple, de sensibiliser au problème du burn-out, afin que le sujet puisse être abordé et que les signaux d'alarme puissent être rapidement captés, par eux-mêmes et par leurs collègues. C'est bien sûr dans l'intérêt des médecins, mais aussi dans l'intérêt de leurs patients et de l'organisation dans laquelle ils travaillent avec d'autres professionnels. »

Formations et soutien administratif

« Les médecins et les professionnels de la santé considèrent souvent les tâches administratives comme un mal nécessaire, et il existe un large consensus sur le fait qu'elles n'apportent pas de satisfaction professionnelle supplémentaire. Face à ce constat, des formations à la gestion du temps et du stress pourraient constituer un début de solution, tandis que les autorités et les hôpitaux doivent de toute urgence travailler à la simplification administrative et fournir le soutien administratif nécessaire. »

« Pour les médecins qui travaillent en milieu hospitalier, il est également conseillé de revoir les horaires et la durée de travail, et de s'accorder sur la prévisibilité des horaires, la flexibilité et les limites. Il s'agit d'un exercice difficile mais quelques interventions, telles qu'une définition claire des tâches, la mise à disposition des grilles horaires en temps utile, l'élaboration d'une procédure de remplacement ou d'un régime de travail à temps partiel, peuvent souvent alléger la pression. »

Soutien psychosocial

L'introduction d'un système de coaching, qui permette aux médecins et aux infirmières d'avoir immédiatement un échange en cas de problème, peut également être un moyen de réduire la charge émotionnelle.

« Durant la crise du coronavirus, des lignes d'assistance téléphonique et des plateformes de soutien psychosocial ont été mises en place pour les prestataires de soins qui le souhaitaient (par exemple en Flandre https://www.dezorgsamen.be/).

Non seulement pour les médecins sous contrat de travail mais aussi pour les généralistes et autres prestataires indépendants. Une bonne coopération entre services externes de prévention et de protection au travail, psychologues de première ligne, médecins et psychiatres est ici cruciale. En outre, l'introduction d'un espace de détente, où les médecins hospitaliers peuvent s'échapper de temps à autre, à la fois physiquement et psychologiquement, peut également s'avérer utile. »

Le soutien social des collègues

« Le soutien social des collègues est l'un des principaux tampons face aux symptômes de burn-out. Même si cela ne peut pas être immédiatement organisé par décret, les organisations de travail comme les hôpitaux peuvent en prendre l'initiative, par exemple en encourageant et en facilitant les réunions d'équipe et les sessions d'intervision. Dans le même sens, la mise en place d'un système de back-up pour que les médecins puissent être soutenus par leurs collègues pourrait également être un pas dans la bonne direction. »

Lode Godderis, Professeur de Médecine du travail • MediQuality

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