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Réforme du financement des hôpitaux : « Les médecins sont-ils réellement demandeurs ? »

Opinion

BRUXELLES 24/06 - Les médecins hospitaliers souhaitent-ils réellement une réforme du financement ? Comme ils en sont l'une des parties prenantes, nous devrions au moins connaître leur opinion. Commençons donc par mettre en place une véritable enquête pour savoir ce que veulent les médecins hospitaliers eux-mêmes. Parce que je ne suis pas du tout convaincu qu'une majorité soit en faveur de la réforme.

Plusieurs aspects de cette question doivent également être clarifiés. Au cours des dernières décennies, nous avons vu sortir de terre des cliniques hypermodernes. Si les hôpitaux avaient été aussi pauvres qu'ils le laissent paraître, il me semble impossible d'avoir développé de telles nouvelles infrastructures, à moins qu'il n'y ait une caisse cachée quelque part pour payer ces travaux.

Un second élément concerne l'actuel sous-financement des hôpitaux. C'est le cas depuis des dizaines d'années. Les déficits sont en grande partie couverts par les contributions des spécialistes. Une situation malsaine, si vous voulez mon avis. Plus le sous-financement est important, plus la pression exercée sur les médecins pour qu'ils génèrent davantage de prestations est forte, mais aussi plus la tentation d'augmenter les suppléments est grande.

Un troisième élément concerne les différences salariales qui existent depuis longtemps entre spécialités. D'autres pays parviennent à les maîtriser, et à avoir une rémunération acceptable et équitable pour chaque spécialité, y compris la médecine générale. Pourquoi, dès lors, la Belgique n'y parviendrait-elle pas ?

Un quatrième élément concerne les suppléments. Une relique du passé qui, en 2021, semble encore nécessaire pour rendre les hôpitaux suffisamment « rentables ». On peut se demander combien de temps nous allons maintenir cette anomalie ? Les suppléments génèrent des effets secondaires néfastes.

Ils font grimper les prix des polices d'assurance hospitalisation et, de plus, ils créent une inégalité d'accès aux soins. Ceux qui peuvent se le permettre sont hospitalisés en chambre individuelle, tandis que les autres doivent se contenter d'une chambre double. Il est insensé qu'une telle abomination existe encore. La qualité des soins ne devrait pas dépendre de la taille du portefeuille d'un individu.

Un cinquième élément concerne la transparence de toutes les parties impliquées. Sont-elles prêtes à mettre toutes leurs cartes sur la table ? Ou bien existe-t-il des éléments du dossier dont on ne peut, à l'avance, pas discuter ? Si tel est le cas, cette réforme est vouée à l'échec dès le départ.

Un sixième élément concerne le rôle des syndicats de médecins. Veulent-ils vraiment réformer le système ? Ou veulent-ils maintenir le statu quo ? Peut-être devraient-ils être plus clairs et plus explicites quant à leurs intentions. Parce dans ce dossier, les agendas cachés ne mèneront nulle part. Y a-t-il une volonté de parler des vaches sacrées ? Afin d'éradiquer les soins inopportuns et inefficients ?

Un septième élément concerne le rôle des autorités. Le vieillissement de la population entraîne une hausse des coûts. Cela nécessite donc davantage de ressources. Les autorités sont-elles prêtes à relever ce défi ? Sont-elles prêtes à se mettre à table avec les autres acteurs concernés, dans un esprit d'ouverture et sans tabou ?

En bref, de nombreuses questions exigent une transparence totale, mais aussi une volonté de coopérer si l'on veut avoir une chance de trouver une solution.

Et si ce n'est pas le cas, il s'agira à nouveau d'un compromis « à la Belge » et nous repartirons pour 10 à 20 ans de reproches.

Dr Wouter Van den Abeele

Médecin généraliste

Zelzate

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